Histoire du vignoble bordelais et de ses vins d'exception

Bordeaux jouit d'une histoire immensément riche qui lui vaut aujourd'hui le statut de plus grande région viticole du monde. Le nom de Bordeaux vient du français "au bord de l'eau" et fait référence à l'estuaire de la Gironde et à ses affluents, la Garonne et la Dordogne, qui jouent un rôle essentiel dans l'histoire et le succès de cette région. Les vins de Bordeaux se caractérisent par leur caractère unique qu'ils doivent à un terroir exceptionnel. Découvrez l'origine des vins de Bordeaux depuis l'apparition des premières vignes jusqu'à nos jours.

La naissance de la région viticole de Bordeaux

Des origines Romaines

La région de Bordeaux était aux mains des Romains en l'an 60 avant JC. Ils furent les premiers à planter et cultiver des vignes et à produire du vin. La région de Bordeaux était alors Burdigala. On retrouve aujourd'hui des vestiges de ces romains à l'amphithéâtre du Palais Gallien. De nombreuses ruines sont également éparpillées dans le bordelais, aussi bien sur la Rive Droite que la Rive Gauche. Certains grands ou petits châteaux de Bordeaux portent même des noms d'origine romaine, comme le château Ausone à Saint-Émilion qui provient d'Ausonius, le poète romain qui aurait vécu dans une villa à cet endroit. À cette époque, malgré des techniques sommaires, les viticulteurs de Bordeaux étaient déjà renommés. Dès le 1er siècle de notre ère, le vin Romain était exporté en Grande-Bretagne. Les chercheurs ont même trouvé des mentions du vin de Bordeaux à Pompéi.

Un terroir déjà propice à la culture de la vigne et à l'exportation de vin

La région de Bordeaux était déjà réputée pour la culture du raisin destiné au vin. Elle offrait la combinaison unique d'un sol propice à la culture des raisins utilisés dans la production de vin et d'un accès facile à la Garonne, un fleuve utilisé pour expédier les vins vers les autres territoires romains vers l'Atlantique ainsi qu'en Espagne.

L'Angleterre à l'origine de l'essor du vin de Bordeaux

La réputation du vin de Bordeaux a connu un véritable bond en avant grâce à Aliénor d'Aquitaine, épouse du futur roi d'Angleterre Henri II. Le vin de Bordeaux a en effet été servi à leur mariage et connut un succès immédiat. À la fin des années 1300, Bordeaux est devenue la 2ème ville après Londres contrôlée par la monarchie britannique. L'export de vin a réellement débuté en 1302 à partir de Saint-Émilion. Le lien entre le vin de Bordeaux, l'Angleterre et la royauté joue un rôle majeur dans l'histoire de Bordeaux. En effet, pour aider à faire progresser le commerce du vin, le roi de France a exempté les négociants de taxes.

L'arrivée des Néerlandais, un nouveau tournant pour Bordeaux

À leur arrivée en 1600, les Hollandais assèchent les marais de Bordeaux pour construire des routes et accélérer le transport de marchandises et notamment de leurs vins. Ils sont également à l'origine du drainage de nombreux marais et marécages pour planter davantage de vignes destinées à la production de vin de Bordeaux. C'est alors que le paysage changea totalement et à jamais. Les Hollandais ont activement participé à la création et à l’essor de Bordeaux. En effet, outre l’assèchement des marécages, ils figurent parmi les négociants ayant le plus exporté de vin .

La classification de 1855 : un tournant décisif

1855 est l'année du classement officiel qui sert encore aujourd’hui de référence. Initié par Napoléon, ce classement a officiellement été présenté pour l’Exposition Universelle de Paris. Celui-ci répertorie en effet les meilleurs vins du Médoc qui étaient à l’époque les plus prisés des consommateurs avec les vins de Pauillac. Ce classement avait pour but de guider les consommateurs lors de l’achat d’une bouteille de vin. Depuis sa création, ce classement n’a connu qu’une seule révision en 1973 et non des moindres : celle du Château Mouton Rothschild qui passe du statut de second cru à celui de premier cru.

Cinq classes uniques pour les vins rouges

Bordeaux a établi un classement des vins en cinq classes uniques pour les vins rouges. Les vins inclus étaient tous du Médoc, à l'exception du déjà légendaire Château Haut-Brion des Graves, qui devait être inclus, en raison de sa renommée mondiale. Dans les régions de Sauternes et de Barsac, les vins doux ont également été inclus, mais avec seulement deux classes. Dans chaque catégorie, les châteaux étaient classés par ordre de qualité et, surtout, par ordre de prix de vente. Si vous connaissez un minimum les vins de Bordeaux, et si vous consultez ce classement, vous vous étonnerez sûrement de l’absence des célèbre Pétrus, Cheval Blanc, Pomerol ou Saint-Emilion. À l’époque, certains de ces vins étaient considérés comme de simples vins de table et d’autres appellations de prestige comme Saint-Emilion, ne produisaient pas encore de vin. De plus, certains étaient particulièrement difficiles à acheminer vers les négociants bordelais. Mais il y a fort à parier que si le classement était révisé à nouveau, ces vins seraient d’excellents candidats !

Le rôle des négociants

Les vins de Bordeaux ne doivent pas leur succès qu’au classement de 1855. En effet, les négociants ont joué un rôle majeur dans l’essor de Bordeaux avec leur avec leur système unique de vente des vins sur place, qui ont créé le marché du vin de Bordeaux. Au fil du temps, les négociants ont joué le rôle de banque pour de nombreux domaines bordelais et sont devenus propriétaires de plusieurs des châteaux les plus importants.

L’épidémie de phylloxéra

De 1875 à 1892, presque tous les vignobles de Bordeaux ont été impactés par des infestations de phylloxéra. L'industrie viticole de la région a été sauvée en greffant des vignes indigènes sur des porte-greffes américains résistants aux parasites. Aujourd'hui, toutes les vignes de Bordeaux sont le fruit de ces actions menées durant cette période. C’est pourquoi certains cépages, qui ont mieux supporté la greffe, sont plus présents que d’autres. C’est le cas du Cabernet sauvignon, Cabernet franc, Merlot, Sémillon, Sauvignon blanc et la Muscadelle.

L’apparition des AOC

D'autres régions de France ont commencé à cultiver leurs propres vins et à les étiqueter comme produits de Bordeaux. Les bénéfices de la région Aquitaine ont naturellement baissé, ce qui a poussé les vignerons à demander au gouvernement de légiférer. L'INAO ou Institut National des Appellations d'Origine a été créé à cet effet. En 1936, le gouvernement a répondu aux appels des viticulteurs et a déclaré que toutes les régions de France devaient nommer leurs vins par le lieu où ils avaient été produits. En portant l'estampille AOC, les produits sont officiellement confirmés comme provenant de la région indiquée. Désormais, seuls les produits de Bordeaux pouvaient être étiquetés avec ce nom.